Bonjour mes lecteurs, ravie de vous retrouver ! 😉 Aujourd’hui, je vais vous parler de laine.
Un peu d’histoire
Je tricote depuis de nombreuses années, et j’ai toujours vu ma mère et mes grands-mères tricoter. Ce que je peux dire de ma vision d’enfant c’est que pour elles, l’arrivée des laines synthétiques notamment l’acrylique et le polyester vers les années 50 a révolutionné la façon dont elles ont considérés le tricot. Il n’y avait plus d’enfants qui rechignent à porter des pulls qui « grattent », plus de difficulté pour le lavage. Elles étaient en pleine période de libération des droits de la femme et de l’arrivée massive de l’électroménager dans les maisons, notamment avec la machine à laver. C’est pourquoi ma mère m’a toujours vanté ses matières et j’ai appris le tricot avec elle. Dans les années 60, on peut considérer que la laine avait perdu 40% de son prix d’achat. Cette matière était de moins en moins valorisée.
Il est vrai que chaque génération discute les vérités acquises par les générations précédentes et je ne fais pas exception à la règle. Il faut bien de quoi animer les repas de famille !
De nombreux arguments me font me questionner sur ces matières issus de l’industrie pétrochimique : impact sur la santé et rejets toxiques des usines. De plus, au lavage, les textiles acryliques rejettent une grande quantité de fibres synthétiques (microfibres) que les stations d’épurations ne sont pas capables de filtrer et qui ont des conséquences nocives pour les milieux aquatiques.
Retour aux sources
Loin d’être parfaite en terme d’écologie, j’essaye de faire ma part comme dirait le mouvement colibri. C’est pourquoi orienter mes achats dans des matières aussi locales que possible et naturelles me semble logique quand on parle de loisirs créatifs. Vous allez me dire que les matières naturelles et locales n’ont pas le même prix qu’une matière synthétique fabriquée à des milliers de kilomètres de chez moi. Je suis d’accord, mais j’ai décidé d’appliquer les mêmes principes que ceux que j’ai pour ma consommation quotidienne : je consomme moins mais mieux et ainsi, je ne trouve pas d’impact sur mon budget.
Bien sûr, je n’ai pas la réponse à tout, et je continue à utiliser des matières synthétiques soit provenant de mon stock, soit des produits que je considère comme de qualité mais venant de loin.
C’est pourquoi j’ai testé le tricot avec de la laine 100% mouton. En ce moment, j’utilise celle de Laines à l’Ouest , laine que je vous propose dans mes kits Tricot mitaines Kaouenn.
Une question qu’on me pose souvent et qui est un frein pour beaucoup, c’est: Comment entretenir mon tricot en laine ?
Propriétés de la laine
Parlons tout d’abord des propriétés de la laine pour comprendre comment l’entretenir. La laine est composée d’écailles tout comme les cheveux. Grâce à cette particularité, elle peut absorber jusqu’à 30% d’humidité pour l’évacuer ensuite. En effet, les écailles sont hydrophobes, c’est à dire qu’elles repoussent l’eau, et le noyau est hydrophile, c’est à dire qu’il capte l’eau. En fonction de la température, les écailles s’ouvrent ou se ferment : c’est pourquoi on dit que les vêtements en laine respirent, ils permettent à l’organisme de se maintenir à une température idéale. C’est aussi cette propriété qui fait que la laine ne retient que très peu les odeurs.
À cause de ses écailles, un tricot en laine ne doit pas être exposé à des changements de températures trop brusques, comme dans une machine à laver. La chaleur fait s’ouvrir les écailles. Si le refroidissement est trop brusque, les écailles se lient les unes au autres et le feutrage se produit.
Je vous ai un peu parlé des pulls Aran, les pulls traditionnels irlandais, dans mon article où je vais expliquer comment tricoter avec des aiguilles circulaires. Ce pull était réalisé dans des mailles très serrées, ce qui lui permettrait de pouvoir faire face à la rudesse du climat. Il est rapidement LE pull des marins des îles d’Aran. Il faut savoir que originellement, la laine brute était le composant principal du pull. Cette laine brute était non traitée afin de garder la lanoline. Je vous vois arriver ! Qu’est ce que la lanoline ? La lanoline est la graisse de la laine (un peu comme le sébum chez nous) qui renforce l’imperméabilité. Inconvénient d’une laine brute, c’est qu’elle reste plus ou moins odorante.
De nos jours, la laine est lavée et triée avant d’être filée. Néanmoins, elle conserve ses qualités de matière respirante.
Laine superwash
Un autre type de laine existe : c’est la laine superwash. Cette laine est censé pouvoir être lavée à la machine à laver. Que rêver de mieux et pourquoi s’embêter avec un lavage spécifique ?
Rendre une laine superwash nécessite un traitement chimique en usine. Plusieurs méthodes existent :
- La première méthode consiste à enrober la fibre dans un bain polymère ou de résine pour aplanir les écailles,. Cet enrobage empêche ainsi les écailles de se frotter et de se lier les unes aux autres et donc de feutrer au lavage.
- La deuxième méthode est de donner à la fibre un bain acide (un bain de chlore) pour éliminer les écailles. Un autre traitement crée un revêtement synthétique qui rendra la laine plus résistante aux changements de température. Là encore, ce traitement limitera les frottements, et donc le fait que la laine ne feutre et ne rétrécisse.
- La troisième méthode est le traitement Kroy-Ercosett. Il consiste à combiner le traitement au chlore et l’application d’un bain de résine de polymère (résine d’Ercosett). Cela donne un fil très rond et plus fin qu’un fil classique. Ce procédé a l’avantage d’absorber extrêmement bien les colorants. Les personnes qui font de la teinture plébiscitent cette méthode.
Bien évidemment, en enlevant la surface écailleuse de la fibre, on lui enlève ces propriétés hydrophobes et respirantes. Alors certes les traitements que la laine subit lui apporte des avantages mais c’est comme si la laine avait été plongée dans un bain pour la recouvrir de plastique. Elle n’est plus pareil au toucher et perd un peu de son intérêt en ne réagissant plus à son environnement. Il est urgent de se rappeler à quel point la nature est bien faite et qu’il n’est pas toujours nécessaire d’intervenir !
Entretenir ses tricots en laine
Après une explication sur comment est constituée la fibre de laine, je vous propose un focus sur son entretien. Je vous propose de lire cet article très intéressant de Laines Paysannes au nom évocateur de ARRÊTONS DE LAVER NOS VÊTEMENTS, ou comment entretenir sa laine.
Ce que j’en retiens :
- En observant notre façon de fonctionner, il est totalement vrai que nous mettons parfois des vêtements à laver sans qu’ils ne soient vraiment sales.
- Laver ses vêtements génère de la pollution, même en utilisant des lessives écologiques (énergie, rejets de microfibres et de teintures…).
- Avant de laver son tricot, il faut vérifier qu’il soit vraiment sale. Ce n’est pas par manque d’hygiène, mais rappelons que la laine naturelle possède des écailles qui s’ouvrent et se ferment en fonction de la température et de l’humidité. Souvent il suffira de secouer votre pull et de l’aérer, et il s’auto-nettoiera dans une certaine mesure.
- Le reste du temps pour laver un tricot en laine, il faut le faire à froid. La majorité des machines à laver propose ce type de programme. Utiliser une lessive à laine ou bien une lessive fait maison, c’est encore plus facile ! Le séchage devra être fait de préférence à plat, sur une serviette en coton par exemple, et pas trop proche d’une source de chaleur (radiateur, cheminée, etc…) pour éviter que le tricot ne rétrécisse.
La laine est une matière vivante et c’est ça qui l’a rend si magique. Profitez-en !
See you!
Sources: